XIIIème Dimanche Temps Ordinaire - Année B – 30 juin 2024
Rite Romain
Sag 1,13-15; 2,23-24; Ps 29; 2Cor 8,7.9.13-15; Mc 5,21-43
Rite Ambrosien
VI Dimanche après la Pentecôte
Ex 3,1-15; Ps 67; 1Cor 2,1-7; Mt 11,27-30
1) Qui touche la Vie guérit, qui est touché par la Vie ressuscite.
L'Évangile de ce XIIème dimanche du temps ordinaire nous présente Jésus-Christ qui guérit une femme dont la maladie s'est aggravée malgré de longs traitements coûteux, et ressuscite une petite fille, la tirant du sommeil de la mort.
Le Messie est-il donc un guérisseur et un thaumaturge qui offre à l'humanité, toujours à la recherche de remèdes efficaces, une réponse à ses souffrances, en la faisant vaincre la maladie et la mort ?
Jésus a été envoyé par le Père non pour arriver là où la science et la médecine ont échoué, ni pour réaliser l'utopie d'un monde sans douleur et sans mort.
Les miracles que le Christ accomplit sont, avec sa prédication, la bonne nouvelle qu’est venue la libération de Dieu dans le monde, qui redonne à l'homme sa dignité de fils de Dieu, qui réunit l'homme et son Dieu, qui lui redonne la vie.
Pour accueillir vraiment cet Évangile (=bonne nouvelle), il faut qu’il y ait la foi. En effet, l'histoire de deux miracles n'attire pas l'attention sur ces deux faits prodigieux, mais sur la foi de ceux qui les demandent. La foi est indispensable au miracle. Jésus n'accomplit pas de miracles pour forcer, à tout prix, le cœur de l'homme. Les miracles sont des signes en faveur de la foi, mais ils ne diminuent pas le courage de croire. Les miracles sont un don, une réponse à la sincérité de l'homme qui cherche le Seigneur : ils ne servent pas là où il y a fermeture et obstination. C’est pourquoi le Messie n'accomplit pas de miracles là où les hommes ont la prétention d’établir eux les modalités de l'action de Dieu.
Par conséquent, même dans ces deux cas, le miracle est un don à la libre initiative de Dieu, qui répond avec amour à ceux qui, avec une foi humble, le demandent.
Examinons de plus près les deux faits :
Le miracle de la guérison de la femme qui souffrait de pertes de sang se serait très bien prêté à mettre l'accent sur la puissance de Jésus. Il a suffi que cette femme touche le vêtement de Jésus pour guérir. Mais saint Marc, dans son récit, ne souligne pas cet aspect. Il met l’accent sur le geste caché, mais plein de foi, de la malade.
Pourquoi la femme ne veut pas se faire remarquer alors que Jésus, au contraire, semble tout faire pour souligner son geste ?
La loi déclarait impure la femme qui avait des pertes de sang, et impur de la toucher. Voilà pourquoi la femme touche la robe de Jésus en cachette, en profitant de la foule, et pourquoi elle se sent si coupable, effrayée et tremblante quand elle se voit découverte. Et c'est pour la même raison que Jésus fait de la publicité à ce qui s'est passé : pour déclarer publiquement, devant tout le monde, qu'il ne se sent pas impur d'avoir été touché par la femme. Il va au-delà de la pureté et impureté juridique et regarde la foi de la femme à qui il dit: « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal » ( Mc 5, 34). Elle devient fille, régénérée dans la puissance de Jésus, par la porte de la foi qui l'a « sauvée » avant de la « guérir ». Maintenant elle peut aller en paix, guérie à la racine du mal, parce qu'avant elle a été « sauvée ». L'audace de sa foi a ouvert le cœur de Dieu : toucher Jésus signifie une foi pure et adulte dans laquelle s'abandonner à Lui, même du plus profond du péché le plus grave. La foi, c’est en effet toucher Jésus, l'entraîner dans notre vie à moitié morte et impure. C'est réaliser qu'il nous a sauvés, « forcer » la puissance que le Seigneur Jésus semble incapable de contrôler.
Et c’est encore la foi qui est au centre de la guérison de fille de Jaïre: « Ne crains pas, crois seulement » (Id. 5, 36).
Foi en la puissance de Jésus, une puissance capable d'atteindre la personne dans sa situation particulière, et dans ce cas victorieuse jusque dans la mort.
La foi est un acte très humain, vital, qui tend vers la vie et s'oppose à la mort. La foi est un acte d'intelligence et d'abandon de la volonté, qui nous fait adhérer à Dieu comme un enfant adhère à la poitrine de sa mère, puis comme des enfants au cœur simple, nous restons confiants dans les bras de Dieu.
2) Foi persévérante dans la résurrection
Commentant ces deux miracles, le pape François a dit : « Le message est clair et peut se résumer en une question : croyons-nous que Jésus peut nous guérir et peut nous réveiller de la mort? Tout l'Évangile est écrit à la lumière de cette foi : Jésus est ressuscité, il a vaincu la mort, et pour cette victoire, nous aussi nous ressusciterons ». (Angelus du 29 juin 2015).
En effet, la liturgie de la Parole de ce dimanche nous invite à vivre dans la certitude de la Résurrection : « Jésus est le Seigneur, Jésus a le pouvoir sur le mal et la mort, et il veut nous emmener dans la maison du Père, où règne la vie. Et là, nous nous rencontrerons tous, nous tous qui sommes ici sur la place aujourd'hui, nous nous rencontrerons dans la maison du Père, dans la vie que Jésus nous donnera ». (Id.). Par conséquent, la Résurrection du Christ agit dans l'histoire comme principe de renouveau et d'espérance. Celui qui est désespéré et fatigué jusqu'à la mort, s'il se confie à Jésus et à son amour peut recommencer à vivre. Et que veut dire vivre si ce n'est partager l'amour vital que le Seigneur donne. En effet, dans l'Évangile d'aujourd'hui, nous voyons Jésus partager la douleur de Jaïre, l'un des chefs de la synagogue, qui a sa fille de douze ans gravement malade, et la souffrance de la femme malade. A celle-ci il redonne la capacité de donner la vie, à l'autre il donne la vie pour qu'elle puisse rencontrer la Vie : Lui.
A l’homme qui a soif de vie et d’une vie qui ait un sens (entendu comme signification, direction et goût de la vie) Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais offre sa réponse sous forme de présence qui accompagne, d’une histoire de bien qui s’unit à toute sorte de souffrance pour ouvrir en elle un soupirail de lumière » (Lumen Fidei, 57).
Comme il est entré dans la maison de Jaïre et s’est rendu présent à sa petite fille, en la prenant par la main, le Christ nous prend par la main et tisse sa vie avec la nôtre, qui reçoit ainsi la Vie pour toujours.
Comme avec cette petite fille, le Christ nous relève, nous fait ressusciter. De Lui, nous recevons de l'amour, à Lui, nous rendons de l'amour.
Quand cet amour est donné complètement à Dieu, on l'appelle virginité.
Les vierges consacrées dans le monde témoignent que la virginité est la plus haute façon d'aimer Dieu et de vivre Dieu. Leur vie de vierges est un témoignage de l'amour de Dieu et manifestation de la sagesse du cœur reçue du Christ. Par leur vie totalement donnée à Dieu, ces femmes « prêchent l'Évangile de la virginité », selon lequel « la foi n'est pas une chose décorative, ornementale ; vivre la foi n'est pas décorer la vie d'un peu de religion » (Pape François), mais le critère de base pour vivre vraiment.
Avec humilité et une foi aimante, les vierges consacrées dans le monde se sont données au Christ, dont elles écoutent constamment la Parole par une lecture assidue de la Bible, et s'étendent dans le monde comme évangile de la virginité « pour aimer plus ardemment le Christ et servir leurs frères avec un dévouement plus libre ». (Préambule du rite de consécration des vierges). C'est pourquoi l'exhortation apostolique Vita consecrata leur attribue une sorte de « magistère spirituel » qui les place comme « guides compétents de vie spirituelle » (Vita consecrata, n.55). Elles nous enseignent à vivre la foi avec le cœur, à écouter sa Parole, afin qu’elle se fasse chair en elles comme il est arrivé à Marie, et être ainsi de vraies évangélisatrices qui portent au monde la Parole de Dieu qui est lumière pour nos pas.
Lecture Patristique
Saint Pierre Chrysologue (400- + 450)
Sermon 34, 1.5
CCL 24, 193.197-199.
S. Pierre Chrysologue commente le passage parallèle de l'évangile de Matthieu
Toute lecture d'évangile nous est d'un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l'évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir.
Mais venons-en au chef de la synagogue qui conduisit le Christ auprès de sa fille, et donna en même temps l'occasion à une femme (qui souffrait d'hémorragie) de venir trouver Jésus. Ainsi commence la lecture de ce jour: Voici qu'un chef s'approcha. Il se prosternait devant Jésus en disant: "Ma fille est morte à l'instant, mais viens lui imposer la main, et elle vivra" (Mt 9,18)2.
Le Christ connaissait l'avenir et n'ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C'est elle qui ferait comprendre au chef des Juifs que Dieu n'a pas besoin de se déplacer, qu'il n'est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu'il y est avec tout son être et pour toujours. Qu'il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu'il envoie sa puissance sans la transporter; qu'il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main; qu'il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine.
Ma fille est morte à l'instant, mais viens. Ce qui signifie: "Son corps conserve encore la chaleur de la vie et des traces visibles de son âme; son esprit ne l'a pas encore quittée; la famille garde encore son enfant; le royaume des morts ne la reconnaît pas encore pour sienne. Viens donc vite retenir son âme prête à partir."
L'insensé! Il ne croyait pas que le Christ pourrait ressusciter une morte, mais seulement la retenir. Aussi, dès que le Christ arriva à la maison et vit que les gens pleuraient la jeune fille comme une morte, il voulut amener à la foi leurs coeurs incrédules. Comme eux pensaient qu'on ne pouvait pas ressusciter d'entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclara que la fille du chef (de la synagogue) était endormie et non pas morte. La jeune fille n'est pas morte, dit-il, elle dort (Mt 9,23).
Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu'un homme ne tire un dormeur de son sommeil. Et Dieu rend la chaleur aux membres refroidis par la mort plus vite qu'un homme ne peut rendre vigueur aux corps plongés dans le sommeil.
Écoute ce que dit l'Apôtre: Instantanément, en un clin d'oeil, <> les morts ressusciteront (1Co 15,52). Sachant qu'il lui était impossible de signifier par des mots l'immédiateté de la résurrection, le bienheureux Apôtre l'a évoquée par des images. D'ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d'un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même? Ou bien, comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d'une réalité éternelle, non soumise au temps? Parce qu'il n'y a pas de temps sans flux qui s'écoule, l'éternité exclut le temps.
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